dimanche 10 mars 2013

Dimanche poétique

© Shadow play ALEXEY BEDNIJ

être humain 
à lui seul
territoire
pays
planète
univers fini
 
où commence
et
où finit
mon territoire ?
 
dans le labyrinthe de mes synapses
limbes de ma mémoire
méandres de mes rêves
chemins de mes désirs

dans 
chacune 
de 
mes 
cellules

dans l’hélice inextricable de mon ADN ?

il est là 
paume de ma main
courbe de mes seins
dunes de ma peau

l’empreinte de mes doigts le dessine
 
étrange géographie intime
où serpentent
sinueuses
mille veines et artères
comme les lignes d’une carte routière
 
chaque pore
chaque millimètre de peau
chaque millilitre de sang
parcelle de mon territoire
 
je ne suis pas toujours sûre de ses limites
 
mais ce que je préfère :
passer la frontière
 
qui va
de moi
à toi
 
et
de toi
à moi
 

Sigrid Baffert 


samedi 9 mars 2013

Un samedi à la porte du temps

Pour découvrir d'autres territoires à Paris, il existe une Porte Dorée.
Curieux clin d'oeil d'avoir bâti ici la Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration.
J'ai décidé d'y poser mon carnet et mon stylo, des recherches pour un prochain roman.
Un zest de mes racines siciliennes.

À l'entrée, on est accueilli par l'homme rouge nageant "Dans le bonheur", de l'artiste sénégalais Diadji Diop.

Il y a du monde dans cet étrange bâtiment à l'architecture coloniale.
Mais le monde va plutôt en bas, voir les requins dans l'aquarium.
En haut, dans le musée, il n'y a pas foule et le visiteur est surpris par la taille des salles,
à l'image du nouvel arrivant, intimidé par la vastitude du territoire qui l'attend.
Mais il y a foule à découvrir.
Visages et vies d'exils venus du monde entier, diasporas aux quatre vents.
Peuples mouvants, déracinés, transbahutés, chahutés, recomposés...
Photos, documents, films, témoignages, affiches, des objets aussi, emportés en hâte avant le grand saut vers l'inconnu. Un mortier, un portrait, un instrument de musique, un châle, une couverture, un peu de terre.
Qu'emporter de son pays quand on part ?
Dans la valise, presque rien.
Alors il reste la mémoire, cette malle de secours où ranger son territoire intime.
Un passé, une langue, des souvenirs, un savoir.
Et regarder, devant.

L'immensité du chemin à parcourir pour tout recommencer.