dimanche 20 février 2011

L'ombre du corbeau


En mars dans tous les kiosques :
(disponible dès le mercredi 23 février 2011)

un récit énigme

Moi je lis n°280, Milan presse
Illustrations de Phicil, avec Drac aux couleurs


Ici, le début de l'histoire.
 

vendredi 11 février 2011

Bientôt...

illustration de Phicil, (les couleurs sont de Drac)
Allez jeter un oeil sur son blog et son book !

En mars, dans tous les kiosques,
dans la revue Moi, je lis.

mardi 8 février 2011

Ces ouvriers ont dix ans

A l'ère du livre-comète, je réalise avec étonnement que parfois certains romans résistent au temps. Peut-être parce que le sujet, aussi. Le travail des enfants.

Paru en 2001 aux éditions Syros dans la collection J'accuse qui milite pour la défense des Droits de l'Homme, - je vous invite d'ailleurs à en (re)découvrir les nombreux titres -,  
Ces ouvriers aux dents de lait est encore là, tout surpris d'avoir tenu si longtemps, contre les pilons et les désherbages (et j'espère qu'il tiendra encore...)
Trois récits en écho qui racontent le quotidien de jeunes enfants, contraints de travailler dans la filature. Le livre débute avec l'histoire de Song, en 2000, dans un atelier clandestin, puis remonte le temps aux côtés de Corentin à la veille de la révolution de 1848, avant de retrouver Naïla, dans les années 60, au Maroc.
Le roman est complété par un dossier en fin d'ouvrage, qui ouvre plus largement le sujet, réalisé en collaboration avec Amnesty International.

Ce texte est l'un de mes souvenirs d'écriture les plus prégnants, tant par le thème, que par les recherches en amont qui m'ont menées, pour le récit de Corentin, aux archives de la ville de Troyes. La première fois que je frottais ma plume à l'Histoire - non sans appréhension - et à un sujet de société complexe à aborder.
Pour en savoir plus sur les coulisses de l'écriture de ce roman, cet entretien.
Et ici, une belle critique d'Emmyne.

Certains reconnaîtront sans doute la première édition du roman, avec la couverture de Nicolas Wintz (ci-dessous à gauche), avant que la collection J'accuse ne soit relookée.
Le texte, traduit en Italie et au Brésil, a fait aussi l'objet d'une parution en gros caractères, au Chardon Bleu.


lundi 7 février 2011

Boulevard Sainte-Beuve

Des collégiens apprentis critiques et orateurs, il en existe, j'en ai rencontrés. Dans le Pas-de-Calais.
J'étais curieuse, allez, je l'avoue : sceptique, même. Et puis j'ai vu, entendu.
Des ados qui maniaient la plume avec brio, avaient le sens de l'analyse et savaient transmettre leur enthousiasme.
Qui m'ont donné envie de lire des romans que je ne connaissais pas.
Qui commentaient une dizaine de livres sélectionnés, parmi lesquels, la saison 1 des blue Cerises, ce, en présence-même de l'un des auteurs concernés dans le jury de demi-finale (à leur âge, je crois que j'aurais fondu de peur, à leur place...)

L'idée d'un "prix de la critique des collégiens et des apprentis" a germé il y a cinq ans dans l'esprit de Pierric Maelstaf, à Boulogne-sur-Mer, ville native de Charles-Augustin Sainte-Beuve. Pierric est parti d'un constat simple : pourquoi laisser aux seuls adultes la critique des romans destinés à la jeunesse ? Pourquoi ne pas offrir l'occasion aux principaux intéressés d'exprimer haut et fort leur avis ?

Mais il ne s'agit pas là de se contenter de voter pour un livre, non. Tst, tst, trop facile. Les prix de collégiens en littérature jeunesse sont légions. Ici l'enjeu est différent, plus ambitieux. Il s'agit pour les élèves de lire, écrire et exposer en public lors de joutes oratoires les raisons pour lesquelles ils ont aimé ce roman-là, oui, celui-là, parmi une dizaine d'ouvrages sélectionnés (bon d'accord, ils ne les lisent pas tous). Apprendre à défendre son point de vue, un roman, (et parfois même, soyons fous, reconnaître un style ou un procédé littéraire...), si possible sans l'aide de sa feuille. Se frotter ainsi à un double saut périlleux : lire, certes, mais avec suffisamment d'acuité pour en rédiger une critique et être capable de convaincre un auditoire.
Respect de la langue, fidélité au roman, originalité, argumentation, conviction, prestation, voici la liste des critères à réunir pour espérer passer la rampe. Concrètement : deux minutes pour persuader un jury. Pas évident, à quatorze ans. Pourtant le défi émoustille, en c'est en cela que le dispositif-même de mise en scène lors de la joute est un judicieux stratagème et une source de motivation pour franchir l'écueil de la lecture/écriture... La dynamique du concept tient entre autres dans ce double mouvement écriture/oralité, et l'aboutissement "spectaculaire" ; il fallait y penser.

Pour l'auteur que je suis, l'expérience fut instructive. Qu'emportent vraiment les ados lecteurs de nos romans ? L'hétérogénéité des critiques, tant sur le fond que sur la forme, autour d'un même livre est parfois étonnante. Jusqu'à se demander s'il s'agit bien là du même ouvrage... Les éternels poncifs livre d'action/ livre intimiste, livre "pour les filles"/ "pour les garçons", volent souvent en éclats, bonne nouvelle. Une constante néanmoins à cet âge de construction et chahut identitaires (et condition quasi sine qua non de l'adhésion au récit) : l'identification au héros ou à l'histoire. Well, nulle surprise de ce côté-là. En revanche quelques remarques inattendues m'ont confortée dans l'idée que le happy end était plus une obsession adulte à l'égard du jeune lectorat qu'une réelle préoccupation adolescente.
Mais avant tout, ce fut pour moi une chouette aventure humaine. J'y ai vu de grands timides surmonter leur angoisse, poser leur voix et lâcher leur feuille pour un brin d'improvisation. Des avachis se redresser. Des réfractaires à la lecture confier qu'ils étaient allés, pour une fois, jusqu'au bout de leur bouquin avec plaisir. Des textes bancals à l'écrit trouver un juste ton par la seule prestation orale. Et puis, des élèves de quatrième/troisième qui parlaient librement d'eux-mêmes et de ce qui les touche, à cet âge entre deux eaux où il faut d'ordinaire un ouvre-boîte ou un pied-de-biche pour les voir s'exprimer en public...

Le Prix Sainte-Beuve des Collégiens et des Apprentis est un projet à l'initiative de l'Association Ça et Là, en collaboration avec Opalivres (une équipe de choc bibliophage), la médiathèque départementale et le Rectorat de Lille. Depuis sa création, il ne cesse d'accueillir de nouveaux participants volontaires.
Cette année, la finale qui aura lieu au théâtre Monsigny de Boulogne-sur-Mer verra s'affronter 30 orateurs (issus de 30 établissements pas-de-calaisiens de tous crins) face à 600 jeunes spectateurs venus soutenir leurs lauréats.

Qu'on ne me dise plus qu'il est utopique de mobiliser les ados autour de la lecture et que les livres ne font plus vibrer les jeunes. Allez donc faire un tour dans le Nord ! 

Pour plus de renseignements, voir Boulevard Sainte-Beuve,
4ème Rencontres de la Critique et de la Culture, du 17 au 23 mars 2011.

dimanche 6 février 2011

Un peu de littérature

© image de Serge Bloch


Quelques livres que j'ai aimés, qui m'ont bousculée, émue, questionnée, faite rire. De la littérature, quoi.
 
Les ouvrages "jeunesse" qui suivent ne sont pas classés, je vous les livre en vrac, romans, albums, récents ou plus anciens, peu importe.
Ils parlent de vie, de mort, d'amour, d'amitié, de maladie, de différence, de fratrie, de transmission, de peur, d'apprentissage, de rêves, de vie en société, de nature, de silence, de guerre, de religion, de dictature, de famille, de langage, de mémoire, de politique, de choix, de liberté...

Fais-moi peur, de Malika Ferdjoukh, L'école des Loisirs
L’amour vache, de Rachel Corenblit, Le Rouergue
Les larmes de l’assassin, de Anne-Laure Bondoux, Bayard
L’enfant silence, de Cécile Roumiguière, illustrations Benjamin Lacombe, Seuil
Les rois de l'horizon, Janine Teisson, Syros.
Le crocodile amoureux, de Daniela Kulot, Autrement
Il n'y a pas si longtemps, de Thierry Lenain, illustrations Olivier Balez, Sarbacane
Quatre petits coins de rien du tout, de Jérome Ruillier, Bilboquet
Métal mélodie, Maryvonne Rippert, Milan
Trois jours de vie en plus, de Rémi Courgeon, Mango
Les cinq affreux, de Wolf Erbruch, Milan.
La voleuse de livres, de Markus Zusak, Oh ! éditions
L’enfant océan, Jean-Claude Mourlevat, Pocket
Mais pourquoi ?!, de Peter Schössow, Seuil
Sa majesté des mouches, William Golding, Gallimard
Lili Plume, de Natali Fortier, Albin Michel
Matin brun, Franck Pavloff, éditions Cheyne
Un bleu si bleu, de Jean-François Dumont, Flammarion
Oh Boy, de Marie-Aude Murail, L'école des Loisirs
Exister ! de Nathalie Hense, illustrations Julien Martinière, L'atelier du poisson soluble
L'homme qui plantait des arbres, de Jean Giono, illustrations Frédéric Back, Les Enteprises Radio-Canada et Gallimard/Lacombe
Un autre que moi, Bernard Friot, La Martinière
Sables émouvants, de Thomas Scotto, illustrations Eric Battut, Actes Sud
L’Absente, de Claire Mazard, Syros
On n'aime pas les chats, de François David, illustrations Géraldine Alibeu, Sarbacane.
Tu seras la risée du monde, de Jean-Paul Nozière, La Martinière
Attention... je mords, de Mathis, Thierry Magnier
Ami-Ami, de Rascal, illustrations Stéphane Girel, L’école des Loisirs
Aerkaos, de Jean-Michel Payet, Les grandes personnes
Le môme en conserve, Christine Nöstlinger, Livre de poche
Lettre d’amour de zéro à dix, de Suzie Morgenstern, L’école des Loisirs
Les murs bleus, de Cathy Ytak, Syros
Pibi mon étrange ami, de Jin-heon Song, Le Sorbier
Grand corbeau, de Béatrice Fontanelle, illustrations Antoine Guiloppé, Sarbacane.
Le coupeur de mots, de Hans-Joachim Schadlich, Flammarion
Il faut désobéir, Didier Daenninckx, illustrations PEF, Rue du monde
Le bon gros géant, Roald Dahl, Gallimard
La croûte, de Charlotte Moundlic, illustrations Olivier Tallec, Flammarion
L’agneau qui ne voulait pas être un mouton, Didier Jean et Zad, Syros

Question de littérature

 
© image de Philippe Geluck 

Quand la précision sémantique appauvrit à tort l’idée.

Jeunesse.
Qui aurait cru qu’un mot porteur de tant de promesses serait pour certains si péjoratif et si réducteur ?
Littérature jeunesse.
Dans ces mots, depuis que j’ai commencé à lire, puis, plus tard, lorsque j’ai débuté ce métier d’auteur, j’y ai vu et mis tant de choses : découverte, invention, curiosité, couleurs, paradoxe, partage, questionnement, inattendu, bouillonnement, tolérance, différence, remous, amour, amitié, naissance, mort, émerveillement, poésie, plaisir, renouvellement, ouverture, citoyenneté, révolte, violence et douceur, surprise, transmission, apprentissage, complexité, nuances…
Alors, qu’elle n’a pas été ma surprise de constater au fil des années que certains y avaient associé par méconnaissance d’autres mots : condescendance, simplification, consensus, démagogie, manichéisme…
 
Je ne fais pas de hiérarchie entre les romans. Pas plus qu'entre un bon roman et un bon album. Les deux éveillent en moi émotion et réflexion. Dans un bon album, chaque mot, chaque virgule, chaque image porte en lui polysémie, émotion, poésie, construction, universalité. Ni verbiage et ni logorrhée. Les mots, les couleurs, ciselés ou bruts. Les mots nus mais habillés de sens. L’essence. L’essentiel.

Il est temps de parler de littérature. Tout court.

***

Sur le sujet, deux lettres ouvertes à lire :
Lisez de la littérature jeunesse François Busnel ! de Valérie Zenatti
Et celle d’Alain Serre.