lundi 3 août 2009

Ligne de vie


Un grand fantasme d'écrivain : faire tenir l'homme en une ligne.
Les illustrateurs ont l'avantage du raccourci.

La linea. Ce petit homme sur sa ligne blanche, comme un cordon ombilical encore relié à la matrice, main créatrice, main facétieuse semant des embûches ou volant au secours.
Ligne de vie, ligne brisée, ligne de conduite, ligne directrice, ligne téléphonique, ligne aérienne, ligne de flottaison ou ligne à haute tension, c'était selon, au fil de l'imagination.

Cette Linea comme un haïku de l'image, l'essentiel saisi en un trait.

C'est étrange de voir ce que la mémoire d'enfant emporte, mais dans mes souvenirs, le bonhomme babillait un yaourt italien. Une curieuse certitude. En farfouillant dans le grenier magique du web, j'en ai eu la confirmation : La linea était effectivement une création italienne du génial Osvaldo Cavandoli. Ebauchée lors de spots publicitaires en 1969, le concept a trouvé sa forme en 1972 avec une série d'animation télévisée de 90 épisodes.
1972, année de ma naissance... Cette fascination de La linea puisait-elle dans mes origines siciliennes qui m'avaient fait emporter, malgré moi, cette musique des mots si familière ?

J'aimais sa révolte, à ce petit bonhomme. Sa révolte chronique contre son créateur, et malgré tout, sa jubilation dans la déambulation et la découverte. Son humour face à l'inconnu.
Sa solitude, son illusion de liberté. Un condensé d'humanité.
Etre dépendant mais être tout de même.
Un trait. Un nez, une bouche, un corps à peine dégrossis des limbes de l'imaginaire.
Une énergie.

Pour suivre La linea, je vous invite à pointer ici ou ...
(Point à la ligne.)

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